Les 2 dernières années de climat relativement plus doux que
la normal ont été de toute évidence favorisées l’état de santé des noyers pour
produire à leur maximum. Les été ont été chaud et long, il y a eu juste assez de
pluie dans l’ensemble. Mais ce sont surtout les minimums de température des mois
froids d’hiver qui ont été plus cléments donnant une chance meilleure contre les
dégâts fréquents des gels en particulier sur les noyers introduits dans des
milieux plus froid, comme noyer du Japon, buartnuts ou noyer des Carpates. Ces
espèces, et bien d’autres espèces arboricoles, ont bénéficié de ce «nouveau
climat» En résumé, les zones climatiques que l’on utilise dans l’est (zone
3-4-5-6) ont été décalées d’une zone. Si vous êtes en zone 4 (selon la carte
d’agriculture Canada) vous avez bénéficié du climat de la zone 5. Cependant, les
fluctuations ou vagues de chaleur/froid si fréquents tout au long de l’année
dans notre territoire, ont été comme à l’habitude au rendez-vous. Ces
fluctuations sont particulièrement néfastes pour les noyers à débourrement
précoce comme les noyers cendré, Japonais, hybrides, Mandchourie. Comme
l’éclosion (break dormance) débute vers la mi-mai (2006, zone 4) à la 3e
semaine, les gels tardifs endommagent en cette période les bourgeons en éclosion
beaucoup plus tendre à ce moment. Des minimums de –2°à –5°C endommagent les
fleurs femelles justement logées aux extrémités. Des bourgeons latéraux prennent
alors la relève mais produiront que des feuilles. Plus les bourgeons sont
avancées en débourrement de croissance plus ils sont fragiles, une gel de 0°à
–2°C fera le même dégât une semaine plus tard. Les noyer cendré semblent mieux
adaptés à résister aux gels tardifs ( plus faible teneur en eau ?) que les
noyers du Japon et ses hybrides par exemple. Le noyer des Carpates produit des
jeunes tiges à forte teneur en eau et subit des dommages plus sérieux encore ,
de là la recherche de variétés à démarrage lent au printemps pour éviter ce
problème.
Les noyers cendrés de ma région (ceux de la ville de Joliette
et environs) en 2006 ont produit d’une façon très inégale. Quelques-uns
regroupés en 2 ou 3 individus ont produit abondamment tandis que ceux isolés
(observation sur une dizaine) n’ont produit aucun fruit. Comme ces observations
ont été dans un secteur assez rapproché, les fluctuations climatiques ne
semblent pas être la cause de cette différence. Le phénomène de la pollinisation
croisée semble être en cause ici en jouant en faveur de ceux regroupés. La
citation de Marie Victorin dans ‘Flore Laurentienne’ dit : « Cet arbre
présente un bon exemple de dimorphisme dichogamique.* Tous les individus se
rangent en deux catégories par rapport au développement des organes sexuels.
Dans la première, les étamines (fleurs mâles) sont à maturité quinze
jours avant les pistils (fleurs femelles) des même arbres. Dans la
deuxième, les pistils à ce moment sont prêts à recevoir le pollen de ceux de la
première catégorie, pendant que les étamines de la deuxième laissent échapper
leur pollen, juste à temps pour féconder les pistils de la première ».
Que faire ? planter quelques jeunes noyers dans un secteur le
plus possible rapproché. Ajouter des jeunes noyers proches des vieux noyers
isolés. Pour le climat, choisir des sites où les différences de T° jour/nuit
sont moins marqués (utiliser les thermomètres qui enregistrent). Éviter les
creux de vallée, par contre les grandes masses d’eau comme lacs ou fleuves
atténuent les écarts. Aussi, les noyers cendrés, hybrides cendrés x Japon et
‘heartnut’ ont la capacité de s’entre féconder mutuellement (compatibilité).
Leurs temps de floraisons sont sensiblement à la même période. Le noyer noir
tire avantageusement profit de son lent « démarrage» au printemps et évite la
plupart du temps les gels tardifs qui sont légers ou seulement au sol au moment
de sa période de débourrement qui se situe plutôt vers la fin mai (zone 4). On
observe plus fréquemment des noyers noirs isolés chargés de noix que des noyers
cendrés ce qui démontre une meilleure capacité à l’auto fécondation. Il n'y a
pas de croisement compatible entre les noyers noirs et cendrés. Par contre,
noyers noirs peuvent féconder ceux du Japon et ses variétés cordiformes (heartnut)
ex: l'hybride 'Shuto' créé par John Gordon.
Un autre ennemis des noyers cendré, japonais et les hybrides
est le charançon du noyer cendré (Conotrachelus juglandis ) ce coléoptère
6-7 mm semble avoir aucun ennemi naturel si ce n’est que le vent qui empêche ou
limite en partie ses activités. Il cause beaucoup de dégâts chez-moi en piquant
abondamment les nouvelles jeunes poussées de croissances tôt au printemps
(juin). Il se nourrit de la sève et pond dans les nouvelles tiges, les grappes
et noix affaiblissant celles-ci à un point où les jeunes noix tombent
prématurément. Les petits trous noirs sont facilement identifiables tandis que
l’insecte de couleur sombre se camoufle à travers les rameaux. Les noyers du
Japons et hybrides sont les plus susceptibles aux attaques des charançons qui
semblent les préférer (sève plus sucrée ?) . Vaut mieux une fois de plus placer
ces noyers dans des lieux ou il y a assez de drainage d’air car le vent sera le
seul vrai remède naturel contre cet indésirable. Un fois de plus le noyer noir
gagne avantage ici car les charançons l'affectent peu ( le charançon du noyer
noir C. retentus attaque aussi les noyers tendres).