Interdiction temporaire du minage de cryptomonnaie en Norvège : pourquoi et comment

Interdiction temporaire du minage de cryptomonnaie en Norvège : pourquoi et comment
Robert Knowles 18 juil. 2025 0 Commentaires Cryptomonnaies

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Énergie totale consommée : 0 kWh
Émissions de CO2e (indirectes) : 0 kg
Énergie libérée (si interdiction) : 0 MWh
Emplois potentiels : 0
Explication : L'impact calculé est basé sur les données de l'article qui indiquent que chaque mégawattheure consommé par le minage équivaut à 0,8 kg de CO2e dû aux processus de fabrication et de maintenance.

En juin 2025, le gouvernement norvégien a annoncé une interdiction du minage de cryptomonnaie en Norvège qui pourrait entrer en vigueur dès l’automne. Cette décision soulève de nombreuses questions : pourquoi un pays riche en énergie renouvelable veut‑il freiner cette activité ? Quels sont les impacts économiques et environnementaux ? Et comment cette mesure se compare‑t‑elle à d’autres interdictions dans le monde ?

Contexte énergétique norvégien

Norvège est l’un des pays les plus hydro‑électriques d’Europe, avec plus de 95 % de sa consommation provenant d’énergies renouvelables. Cette abondance a fait de la Norvège un terrain de jeu idéal pour les opérateurs de minage de cryptomonnaie cherchant à réduire leur empreinte carbone. Toutefois, le hydroélectricité n’est pas infinie ; chaque mégawatt‑heure utilisé par le minage est un mégawatt‑heure qui ne peut plus être alloué à d’autres secteurs comme la fabrication d’aluminium ou le chauffage résidentiel.

Les raisons de la proposition de loi

Le Parti travailliste norvégien, à la tête du gouvernement, a justifié son action en citant trois points majeurs :

  1. Consommation énergétique excessive : le minage est considéré comme très énergivore pour un retour économique limité.
  2. Manque de retombées locales : les opérations de minage créent peu d’emplois durables et génèrent peu de revenus fiscaux.
  3. Priorisation des usages industriels plus productifs, notamment la sidérurgie et les technologies vertes.

La ministre de la Digitalisation et de l’Administration publique, Karianne Tung, a déclaré que la mesure vise à « libérer de l’énergie pour d’autres industries qui soutiennent réellement les communautés locales ». Elle a ajouté que le gouvernement se base sur les dispositions de la Loi sur la planification et la construction, qui permet de réguler l’allocation des ressources énergétiques.

Ce qui est réellement interdit

La proposition cible spécifiquement les nouveaux centres de données dédiés au minage de cryptomonnaie. Les installations déjà en place seraient exemptées, sous réserve d’un registre obligatoire introduit par la nouvelle réglementation des data‑centers. Ce registre oblige les opérateurs à fournir des informations précises sur la consommation énergétique, la localisation et les technologies de refroidissement utilisées.

Cette approche différencie la Norvège d’autres juridictions qui ont imposé des interdictions totales ; elle laisse un espace de manœuvre aux acteurs existants tout en décourageant les nouveaux arrivants.

Comparaison internationale des interdictions de minage

Pour mieux appréhender la portée de la décision norvégienne, voici un tableau qui résume les principales restrictions appliquées depuis 2021.

Interdictions de minage de cryptomonnaie dans le monde
Pays / Région Type d’interdiction Date d’entrée en vigueur Motivation principale
Norvège (proposé) Interdiction temporaire des nouvelles installations Automne 2025 (prévu) Priorité à d’autres industries, gestion de l’énergie
Russie (10 régions) Interdiction totale Janvier 2025 Éviter les coupures de courant pendant la guerre en Ukraine
Chine Interdiction totale 2021 Lutter contre la consommation d’énergie et les risques financiers
État de New York (USA) Moratoire de 2 ans sauf énergie 100 % renouvelable 2022‑2024 Réduction des émissions carbone
Kosovo Interdiction totale Février 2022 Crise énergétique, coupures fréquentes
Islande (projet de règlement) Limitation de nouvelles licences 2023‑2024 Préserver les ressources hydrauliques

On constate que la plupart des interdictions citent principalement la crise énergétique ou l’impact environnemental comme motifs. La Norvège, en revanche, met davantage l’accent sur l’efficacité économique locale, une nuance qui pourrait influencer d’autres pays riches en énergie renouvelable.

Impacts économiques attendus

Les analystes estiment que le minage représente aujourd’hui moins de 0,5 % du PIB norvégien, tandis que les secteurs de l’aluminium et de la pêche dépassent chacun 2 % du PIB. En libérant quelques centaines de mégawatt‑heures, la Norvège pourrait soutenir la construction de nouvelles usines d’aluminium, qui créent en moyenne 200 emplois directs par installation.

Par ailleurs, le registre obligatoire donnera au gouvernement des données précises sur la consommation du secteur. Ces informations permettront d’ajuster les tarifs d’électricité en fonction de la demande réelle, ce qui peut réduire les factures des ménages, estimées à 12 % de plus depuis le début de la crise énergétique européenne.

Scène contrastant un centre de minage de crypto énergivore et une usine d’aluminium, avec lignes électriques symboliques.

Conséquences environnementales

Même si le minage s’appuie sur de l’hydroélectricité, il génère tout de même une empreinte carbone indirecte : la construction de data‑centers nécessite du béton et de l’acier, et le refroidissement utilise de grandes quantités d’eau. Selon une étude de l’Université d’Oslo (2024), chaque mégawatt‑heure consommé par du minage équivaut à 0,8 kg de CO₂e dû aux processus de fabrication et de maintenance.

L’interdiction temporaire pourrait donc réduire les émissions de CO₂e de l’environ 150 000 tonnes par an, une contribution non négligeable aux objectifs climatiques de la Norvège (objectif de zéro émission nette d’ici 2030).

Scénarios futurs et options d’ajustement

Le caractère « temporaire » de la mesure laisse la porte ouverte à plusieurs évolutions :

  • Révision technologique : si les fabricants développent des ASICs consommant 50 % moins d’énergie, le gouvernement pourrait lever la restriction.
  • Intégration à des projets d’énergie verte : les nouvelles installations pourraient être autorisées à condition de contribuer à des projets de stockage d’énergie (batteries ou hydrogène).
  • Partenariats régionaux : les régions hors du littoral, où la capacité hydraulique est moindre, pourraient se voir allouer une petite quota de puissance pour le minage.

Quel que soit le futur, la clé sera la capacité du gouvernement à équilibrer les besoins énergétiques nationaux avec les ambitions de la communauté cryptographique.

Ce que cela signifie pour les investisseurs et les opérateurs

Les acteurs déjà établis doivent se conformer au registre et préparer des rapports trimestriels de consommation. Les nouveaux entrants, quant à eux, devront explorer des alternatives : installer leurs équipements dans des pays où le cadre réglementaire est plus souple (par ex., le Texas aux États‑Unis) ou investir dans des solutions moins énergivores, comme le staking Proof‑of‑Stake (PoS) qui ne nécessite pas de matériel dédié.

Enfin, les fournisseurs d’énergie norvégiens pourraient proposer des contrats « green‑mining » à condition que les opérateurs acceptent des plafonds de consommation et des engagements de réinvestissement dans des projets locaux.

Conclusion pragmatique

La Norvège montre que même les pays dotés d’une énergie verte abondante peuvent choisir de limiter le minage lorsqu’il n’apporte pas de bénéfices locaux tangibles. La mesure, bien que ciblée, pose des questions de fond sur la façon dont les gouvernements allouent les ressources limitées dans un contexte de hausse des prix de l’énergie. Pour les acteurs du secteur, l’enjeu devient moins de savoir « oui ou non » et davantage de comprendre comment opérer de façon durable et alignée avec les politiques publiques.

Carte du monde stylisée montrant les interdictions de minage dans plusieurs pays, icônes colorées et flèches d’évolution.

Pourquoi la Norvège cible-t‑elle les nouvelles installations de minage ?

Le gouvernement estime que le minage consomme beaucoup d’énergie pour peu de retombées économiques locales. En limitant les nouveaux centres, il veut libérer de l’électricité pour des industries plus productives comme l’aluminium ou la fabrication d’équipements verts.

Les opérations existantes sont‑elles exemptes de toute contrainte ?

Elles peuvent continuer à fonctionner, mais doivent s’inscrire au registre obligatoire et fournir des données détaillées sur leur consommation et leurs mesures de refroidissement.

Comment la Norvège se compare‑t‑elle à la Chine ou à la Russie ?

Contrairement à la Chine et à la Russie qui ont imposé des interdictions totales, la Norvège ne bloque que les nouvelles installations, laissant la porte ouverte à des ajustements futurs selon l’évolution technologique.

Quel impact environnemental le minage a‑t‑il en Norvège ?

Même alimenté par de l’hydroélectricité, le minage contribue aux émissions indirectes (fabrication d’équipements, consommation d’eau pour le refroidissement). L’interdiction pourrait réduire les émissions de CO₂e de près de 150 000 tonnes chaque année.

Quelles alternatives les mineurs peuvent‑ils envisager ?

Ils peuvent se tourner vers des pays avec une réglementation plus souple, adopter le Proof‑of‑Stake qui ne nécessite pas de matériel énergétique, ou négocier des contrats d’énergie verte avec des plafonds de consommation en Norvège.