Les cryptomonnaies privées suscitent un véritable débat : d’un côté, elles offrent une confidentialité quasi‑totale, de l’autre, les autorités craignent qu’elles deviennent des vecteurs de blanchiment d’argent et de financement illicite. Depuis 2024, la pression réglementaire n’a cessé de croître, et 2025 marque un tournant majeur, notamment pour deux acteurs phares du secteur - Monero (XMR) et Zcash (ZEC). Décortiquons ensemble les règles qui s’appliquent à ces monnaies, leurs impacts concrets et les pistes d’évolution.
Architecture technique : pourquoi la confidentialité diffère
Monero est une cryptomonnaie où la vie privée est obligatoire. Chaque transaction utilise des signatures en anneau (ring signatures), des adresses furtives et le protocole RingCT (Ring Confidential Transactions) pour masquer le montant, l’émetteur et le destinataire. Aucun utilisateur ne peut envoyer une transaction « publique » par erreur.
En revanche, Zcash adopte une approche optionnelle. Grâce aux preuves zk‑SNARKs (Zero‑Knowledge Succinct Non‑Interactive Arguments of Knowledge), les détenteurs peuvent choisir entre des transactions “transparentes” (similaires à Bitcoin) et des transactions “shielded” totalement confidentielles. Cette souplesse crée un double calendrier réglementaire, car les gouvernements peuvent viser les adresses transparentes comme points d’entrée pour le contrôle.
Le cadre réglementaire mondial
Le FATF (Financial Action Task Force) a étendu la règle du « Travel Rule » aux cryptomonnaies privées dès 2025, obligeant les plateformes à collecter et transmettre les informations d’expédition pour 57 % des transactions concernées. En Europe, le texte MiCA (Markets in Crypto‑Assets) impose la transparence et interdit, en pratique, les tokens dont l’anonymat empêche l’identification des contre‑parties. Cette norme a entraîné une réduction de 22 % des offres de cryptomonnaies privées sur les places de marché réglementées.
Des pays comme les États‑Unis envisagent même de classer les tokens de confidentialité comme des « Anonymity‑Enhanced Cryptocurrencies » (AEC) soumises à des exigences de reporting supplémentaires. En Asie, la Chine continue d’interdire les plateformes d’échange de toute cryptomonnaie, tandis que Singapour et la Suisse créent des sandbox réglementés où les projets de confidentialité peuvent tester des solutions hybrides sous surveillance.
Impact sur les échanges et les utilisateurs
Les géants du trading, Binance et Kraken, ont retiré Monero et Zcash de leurs listes en 2025, déclenchant une hausse de 19 % des échanges pair‑à‑pair (P2P) dans les régions économiquement instables. Les utilisateurs qui souhaitent garder l’anonymat se tournent alors vers des plateformes non régulées, augmentant les risques de fraude et de vol. Du côté des développeurs, 74 % déclarent que les exigences FATF constituent le principal obstacle à l’innovation.
Pour Zcash, le taux d’adoption des transactions blindées a chuté à 8 % en raison des contrôles KYC stricts imposés par les exchanges. Moins de transactions blindées signifie un « anonymity set » plus restreint, rendant chaque transaction blindée plus facile à repérer. Monero, avec son anonymat systématique, conserve un plus grand volume de transactions privées, mais subit quand même des pressions de delisting sur les marchés régulés.
Comparaison des restrictions et des réponses des projets
| Aspect | Monero (XMR) | Zcash (ZEC) |
|---|---|---|
| Confidentialité | Obligatoire - ring signatures, stealth addresses, RingCT | Optionnelle - transactions transparentes vs shielded (zk‑SNARKs) |
| Conformité FATF | Très difficile - aucune transaction publique pour le reporting | Possibilité de reporter via transactions transparentes |
| Impact MiCA | Limitations fortes, risque de bannissement des listings | Moins affecté grâce aux options publiques |
| Délistage d’échanges majeurs (2025) | Binance, Kraken, Coinbase (partial) | Binance, Kraken, Bitstamp (full) |
| Adoption utilisateur | ~75 % des transactions sont privées | ~8 % de transactions shielded, majorité transparente |
| Solutions hybrides envisagées | Recherche de preuves à divulgation sélective | Développement de zk‑SNARKs compatibles AML |
Ce tableau montre clairement que, même si les deux projets offrent des outils cryptographiques avancés, leurs architectures influencent directement la façon dont les régulateurs les traitent. Zcash bénéficie d’une marge de manœuvre grâce à son option « transparent », tandis que Monero doit contourner les exigences par des innovations de divulgation sélective.
Vers des solutions hybrides : concilier confidentialité et conformité
Plusieurs initiatives tentent de réconcilier les deux exigences. Des chercheurs travaillent sur des variantes de zk‑SNARKs permettant une vérification de conformité sans révéler les données transactionnelles complètes - les appelés « zero‑knowledge AML ». Parallèlement, Monero explore des signatures de type « ring‑confidential with proof of compliance », qui pourraient fournir aux autorités une preuve cryptographique que la transaction ne finance pas d’activité illicite, tout en restant opaque aux observateurs externes.
Ces approches sont lourdes sur le plan computationnel : les preuves augmentent de 3 à 5 fois le temps de traitement et demandent davantage de stockage. Les plateformes qui souhaitent les implémenter devront donc investir dans des infrastructures spécialisées, ce qui explique le retard de l’adoption massive jusqu’à présent.
Quel avenir pour les cryptomonnaies privées ?
Les prévisions restent partagées. D’un côté, les investisseurs institutionnels attendent des cadres clairs avant de toucher aux actifs anonymes. D’un autre, les développeurs continuent de pousser les limites cryptographiques, convaincus que la confidentialité restera une valeur fondamentale du Web décentralisé. Les juridictions favorables comme la Suisse ou Singapour pourraient devenir des hubs de recherche et de test, offrant un terrain d’essai sécurisé aux projets qui souhaitent conjuguer conformité et anonymat.
En pratique, les utilisateurs devront baliser leurs stratégies : choisir des plateformes régulées avec des options de conversion vers des monnaies plus transparentes, ou se tourner vers des exchanges P2P en acceptant les risques supplémentaires. Suivre les mises à jour du FATF et de MiCA sera crucial pour anticiper les prochains tournants.
FAQ - Questions fréquentes
Monero peut‑il être utilisé légalement en Europe ?
Oui, mais uniquement via des services qui respectent le cadre MiCA et qui collectent les informations requises sur les contre‑parties. La plupart des grandes plateformes ont retiré Monero de leurs listes, donc la plupart des utilisateurs passent par des solutions P2P ou des exchanges non‑régulés.
Zcash offre vraiment une confidentialité si la plupart des transactions sont transparentes ?
La confidentialité de Zcash existe, mais son efficacité dépend du nombre d’utilisateurs qui choisissent les transactions « shielded ». Un faible taux d’utilisation réduit l’anonymat de chaque transaction, ce qui rend possible le profiling par les autorités.
Quelles sont les alternatives viables aux cryptomonnaies privées face à la réglementation ?
Les solutions hybrides basées sur les preuves à divulgation sélective ou les « compliant‑zero‑knowledge » offrent un compromis. D’autres projets comme Firo ou Beam explorent des protocoles similaires, mais tous restent sous le radar des régulateurs.
Comment vérifier si une plateforme accepte encore Monero ou Zcash ?
Consultez les listes officielles d’échanges, vérifiez les annonces de delisting, ou utilisez des agrégateurs comme CoinGecko qui indiquent la disponibilité par pays et par plateforme.
Les règles FATF affectent‑elles les transactions P2P ?
Indirectement, oui. Les fournisseurs de services de paiement qui facilitent les P2P doivent se conformer aux exigences de reporting, ce qui peut limiter les intermédiaires capables de supporter les cryptomonnaies privées sans révéler les identités.
Carmen Wong Fisch
octobre 21, 2025 AT 08:14Je vois pas l'intérêt de se fatiguer avec tout ça. Les gens veulent juste trader, pas faire un mémoire de thèse sur la confidentialité.
Emeline R
octobre 21, 2025 AT 09:53Je trouve ça incroyablement encourageant que les développeurs continuent de pousser les limites, même sous pression ! La technologie ne doit pas se plier à la peur, mais à la raison… Et la raison, c’est la liberté ! 🌱
Baptiste rongier
octobre 21, 2025 AT 21:34Le fait que Zcash puisse basculer entre transactions transparentes et shielded est une vraie astuce réglementaire. C’est intelligent, mais ça crée un faux sentiment de sécurité. Si 92 % des transactions sont visibles, l’anonymat devient une illusion pour la majorité. C’est comme avoir un coffre-fort avec une porte en carton.
Monero, lui, ne joue pas avec les compromis. C’est une question de principe. Et même si ça rend la conformité impossible, ça préserve l’intégrité du protocole. On ne peut pas avoir la vie privée et la surveillance totale en même temps.
Je me demande si les régulateurs comprennent qu’en forçant la transparence, ils créent des vulnérabilités systémiques. Un système où tout est visible est aussi un système où tout peut être manipulé. La transparence ne garantit pas la sécurité - elle garantit juste la visibilité.
Et puis, qui décide ce qu’est « illicite » ? Ce n’est pas la technologie qui est le problème, c’est l’absence de cadre éthique clair. Les gouvernements veulent contrôler l’argent, pas protéger les citoyens.
Les solutions hybrides comme les zk-AML sont prometteuses, mais elles restent théoriques. Les coûts computationnels sont encore prohibitifs pour les petites plateformes. Et les grands exchanges ? Ils préfèrent retirer les actifs plutôt que d’investir dans l’innovation.
Je suis curieux de voir ce que fera la Suisse. Si elle crée un espace de test légal pour les protocoles de divulgation sélective, ça pourrait devenir un modèle mondial. Mais ça demande du courage politique. Et on sait que la politique, elle, n’aime pas les innovations qui dérangent.
Les utilisateurs, eux, n’ont pas le choix. Soit ils acceptent la surveillance, soit ils passent en P2P - et là, ils sont livrés à eux-mêmes. Personne ne les protège. Personne ne les informe. Et pourtant, c’est eux qui paient le prix fort.
Je ne suis pas anti-régulation. Je suis anti-inefficacité. Si la régulation ne protège pas réellement les gens, alors elle ne sert à rien. Elle ne fait que pousser les activités dans l’ombre.
La vraie question n’est pas « comment contrôler Monero ? » mais « pourquoi voulons-nous contrôler la vie privée financière ? »
Et si la réponse, c’est la peur… alors on a déjà perdu.
Beau Payne
octobre 22, 2025 AT 06:32Je suis émerveillé par la ténacité des développeurs 💪✨. La confidentialité, c’est pas un luxe, c’est un droit fondamental. Et si on la supprime pour « sécurité », on ouvre la porte à une surveillance totale. 🚫👁️🗨️
Je me demande si les régulateurs ont déjà lu les livres de Foucault… ou si ils pensent que « contrôler l’argent » = « contrôler les gens ».
On est en train de sacrifier la liberté pour une illusion de sécurité. Et ça, c’est triste.
Genevieve Dagenais
octobre 23, 2025 AT 04:30Il est temps de reconnaître que ces monnaies sont des outils de l’élite criminelle. La France ne peut pas permettre que des actifs totalement anonymes circulent sur son sol. La souveraineté monétaire passe par la transparence, pas par l’obscurantisme technologique.
Monero n’est pas une innovation, c’est un danger. Et Zcash, avec ses transactions « optionnelles », n’est qu’un piège pour les naïfs. La réglementation n’est pas une attaque, c’est une protection.
Les citoyens français méritent un système financier propre. Pas des cryptomonnaies qui servent les trafiquants.
prima ben
octobre 23, 2025 AT 07:51Je suis tellement fatiguée de voir tout le monde se battre pour des bitcoins anonymes… Moi je veux juste payer mon café sans que mon banquier sache que j’ai acheté un livre sur l’astrologie. C’est trop demander ? 😭
Emilie Hycinth
octobre 23, 2025 AT 19:59Monero c’est juste du charlatanisme. Tout le monde sait que si tu veux cacher quelque chose, c’est que t’as quelque chose à cacher. Et les gens qui défendent ça… ils sont naïfs ou complices.
Anaïs MEUNIER-COLIN
octobre 24, 2025 AT 13:06Les gens qui défendent Monero sont des idiots. Tu veux la vie privée ? Utilise un compte bancaire en Suisse. Pas une cryptomonnaie qui sert les pédophiles et les trafiquants. C’est pas de la liberté, c’est du crime habillé en philosophie.
Louis Karl
octobre 24, 2025 AT 19:59les gens qui disent que monero est pour les criminel c’est juste peur de la tech. moi j’achete monero parce que je veux pas que ma mère sache que j’ai payé mon abo netflix en crypto. c’est pas un crime
La T'Ash Art
octobre 25, 2025 AT 16:23La réglementation doit évoluer avec la technologie. Pas l’inverse. La confidentialité n’est pas un défaut, c’est une fonctionnalité. Les régulateurs doivent apprendre à la canaliser, pas à l’éliminer.
Jeanette van Rijen
octobre 26, 2025 AT 15:53Les protocoles de preuve à divulgation sélective (selective disclosure zk-proofs) représentent une avancée majeure dans la convergence entre conformité AML et préservation de la confidentialité. En permettant une vérification cryptographique des fonds sans révéler les entités ou montants, ces mécanismes s’inscrivent dans une logique de zero-knowledge compliance - une véritable rupture épistémologique par rapport aux modèles traditionnels de KYC. L’implémentation de ces schémas exige une réingénierie des infrastructures de transaction, notamment en matière de vérification distribuée et de stockage des preuves. La latence accrue, bien que technique, est un compromis acceptable au regard de la préservation des droits fondamentaux. Les juridictions comme la Suisse, en tant que pionnières de la régulation intelligente, devraient établir des standards ouverts pour ces protocoles, afin d’éviter une fragmentation mondiale des écosystèmes financiers.
yves briend
octobre 26, 2025 AT 18:53Le vrai problème, c’est que les exchanges ne veulent pas investir dans la technologie. Ils préfèrent retirer Monero et Zcash parce que c’est plus simple que de développer des systèmes de vérification adaptés. C’est de la paresse réglementaire. On pourrait avoir des solutions techniques élégantes - mais il faut du courage, pas des déclarations de conformité.
Les zk-AML ne sont pas une utopie. Elles existent déjà en laboratoire. Ce qui manque, c’est la volonté politique et économique de les déployer. Les banques centrales pourraient financer des projets pilotes. Mais non, on préfère interdire.
On a créé un système où la technologie est punie pour être trop avancée. C’est absurde.
Ronan Hello
octobre 27, 2025 AT 09:40Personne ne veut parler du vrai problème : les régulateurs ont peur de perdre le contrôle. Ils veulent que tout soit traçable, même les achats de chaussettes. Et les gens qui disent que Monero sert aux criminels… ils ont oublié que les banques ont lavé des milliards pendant la crise des subprimes. Mais là, c’est normal, hein ?
Je vais acheter un Monero aujourd’hui. Pas pour cacher quoi que ce soit. Juste pour dire : non, je ne me laisserai pas surveiller comme un animal de ferme.
Océane Darah
octobre 27, 2025 AT 21:25Vous savez quoi ? Je pense que Zcash est plus intelligent que Monero. Parce que si tout le monde utilise les transactions transparentes, alors les transactions shielded deviennent encore plus rares… donc plus faciles à cibler. Donc en fait, Monero, avec son anonymat total, est plus résistant à la surveillance. Parce qu’il n’y a pas de point faible. C’est une logique de masse. Zcash est une illusion de confidentialité. Et les gens qui pensent le contraire… ils se trompent.