Les AMM (Automated Market Makers) ont bouleversé le trading décentralisé, mais les premiers modèles montrent leurs limites : frais élevés, lenteur et manque d’interopérabilité. Aujourd'hui, on assiste à une vague d'innovations qui résout ces problèmes tout en ouvrant de nouvelles possibilités comme la tokenisation d'actifs non traditionnels. Cet article décortique les avancées les plus marquantes, vous montre comment elles fonctionnent et vous donne les clés pour les exploiter.
Qu’est‑ce qu’un Automated Market Maker ?
Automated Market Maker (AMM) est un protocole de finance décentralisée qui remplace le carnet d’ordres classique par des pools de liquidité gérés automatiquement par des contrats intelligents. Chaque transaction trouve son prix via une formule mathématique, ce qui rend le marché disponible 24/7 sans intermédiaire.
Les limites des AMM traditionnels
- Frais de gas élevés sur Ethereum, surtout en période de congestion.
- Slippage important pour les tokens à faible liquidité.
- Impossible de trader directement entre blockchains différentes.
Ces obstacles ont poussé les développeurs à repenser l’architecture des AMM.
Scalabilité : les solutions de nouvelle génération
La plupart des défauts de performance proviennent du réseau sous‑jacent. Deux types de solutions Layer 2 se sont imposés :
- Optimistic Rollups - regroupent les transactions hors‑chaîne et les publient en lot, réduisant le coût de 10 à 100 fois.
- zk‑Rollups - utilisent des preuves à connaissance nulle pour valider des millions de transactions en une seule preuve on‑chain.
En plus des rollups, le sharding divise la blockchain en fragments parallélisables, augmentant le débit global commence à être testé sur des réseaux de type Cosmos et Polkadot. Enfin, le stockage décentralisé (IPFS, Arweave) décharge les métadonnées lourdes des contrats, accélérant les confirmations.
Interopérabilité cross‑chain
Les nouveaux AMM ne se limitent plus à un seul réseau. Grâce aux bridges atomiques et aux protocoles de messagerie (LayerZero, Axelar), les pools peuvent contenir des actifs provenant d’Ethereum, de Binance Smart Chain, d’Algorand ou même de réseaux non‑EVM. Cette interopérabilité cross‑chain permet aux utilisateurs d’échanger directement entre blockchains sans passer par un exchange centralisé augmente la liquidité globale et ouvre la porte à des stratégies d’arbitrage automatisées.
Function Oracle AMM : un nouveau modèle de prix
Le modèle Function Oracle AMM utilise un oracle de fonction pour ajuster le prix en fonction de la perception du marché et du comportement des utilisateurs introduit la notion de « premium ». Plutôt que de se baser uniquement sur la réserve de deux tokens, le système capture la valeur ajoutée que les traders sont prêts à payer, créant ainsi un actif « premium‑powered ». Chaque transaction passe par une fonction wrap/unwrap qui garantit qu’une seule opération peut s’exécuter à un instant donné, évitant les conflits de concurrence.
Spécialisation des AMM : comparatif des modèles majeurs
| Protocole | Type de pool | Ratio d’actifs | Cas d’utilisation | Avantages clés |
|---|---|---|---|---|
| Uniswap | Pool simple | 50/50 | Tokens variés, lancement de nouveaux projets | Facilité d’utilisation, large adoption |
| Curve | Pool stable | ≈ 1:1 (actifs similaires) | Stablecoins, actifs à corrélation élevée | Slippage ultra‑faible, frais très bas |
| Balancer | Pool multi‑actifs | Jusqu’à 8 tokens, ratios personnalisés | Portefeuilles indexés, stratégies de rebalancement | Flexibilité maximale, gains de frais pour les fournisseurs |
Ces trois modèles coexistent aujourd’hui, chacun répondant à une niche précise. Le choix dépend de la nature de vos actifs et de votre tolérance au slippage.
Tokenisation d’actifs non traditionnels
Les dernières versions d’AMM intègrent des mécanismes pour créer des tokens représentant des œuvres d’art, des droits d’auteur ou même la réputation d’un influenceur. Le processus repose sur une tokenisation d’actifs non traditionnels qui transforme un bien intangible en jeton crypto, permettant d’en acheter, vendre ou emprunter contre. Cette approche ouvre le capital à un public plus large et crée un nouveau marché secondaire où la liquidité était auparavant inexistante.
Intégration TradFi et perspectives futures
En 2025, les institutions financières traditionnelles commencent à déployer des stratégies AMM via des filiales dédiées. Elles utilisent des ETFs tokenisés, des dérivés et des produits structurés alimentés par la liquidité des AMM. L’automatisation du workflow, la transparence accrue et la capacité d’offrir un accès 24/7 aux marchés sont les principaux moteurs de cette adoption.
Parallèlement, l’intelligence artificielle et le machine learning s’invitent dans les algorithmes d’AMM. Des modèles prédictifs ajustent les paramètres de prix en temps réel, réduisent les risques de perte impermanente et optimisent le rendement des fournisseurs de liquidité.
Check‑list - Comment tirer profit des AMM de nouvelle génération
- Choisissez une blockchain compatible Layer 2 (Optimistic ou zk‑Rollup) pour minimiser les frais.
- Préférez les pools cross‑chain si vous avez besoin d’actifs provenant de réseaux différents.
- Évaluez le modèle d’AMM (Uniswap, Curve, Balancer) selon le type d’actif et le slippage acceptable.
- Si vous tokenisez un actif non classique, assurez‑vous d’utiliser un oracle fiable pour le prix de référence.
- Intégrez des solutions d’assurance DeFi pour couvrir les risques d’impermanence.
- Surveillez les indicateurs de performance (APY, volume, profondeur de marché) et ajustez vos positions régulièrement.
En suivant ces étapes, vous maximisez vos chances de profiter de la liquidité, des frais réduits et des nouvelles opportunités de marché offertes par les AMM de prochaine génération.
Qu’est‑ce qu’un AMM et comment fonctionne‑t‑il ?
Un AMM est un protocole qui remplace le carnet d’ordres par un pool de liquidité. Le prix d’un token est calculé à l’aide d’une fonction mathématique (ex. x·y=k) et s’ajuste automatiquement à chaque échange.
Pourquoi les rollups sont‑ils essentiels pour les AMM modernes ?
Les rollups regroupent les transactions hors‑chaîne, ce qui réduit le coût du gas et accélère la confirmation. Cela rend les échanges sur les AMM abordables même en période de forte demande.
Quelle différence entre Uniswap, Curve et Balancer ?
Uniswap propose des pools 50/50 pour tout type de token, Curve optimise les échanges entre actifs très similaires (stablecoins) avec un slippage quasi nul, et Balancer offre des pools multi‑actifs avec des ratios ajustables, idéal pour les stratégies d’indexation.
Comment tokeniser un actif artistique via un AMM ?
Il faut créer un NFT qui représente la propriété ou les droits de l’œuvre, puis le déposer dans un pool AMM spécialisé. Un oracle fournit le prix de référence, et le pool rend cet actif liquide pour les investisseurs.
Les AMM sont‑ils compatibles avec les institutions financières traditionnelles ?
Oui, de plus en plus de banques créent des filiales DeFi qui utilisent des AMM pour fournir de la liquidité à des produits structurés, des ETFs tokenisés ou des dérivés, tout en restant conformes aux exigences de transparence.
