Restaking en cryptomonnaie : Guide complet et pratique

Restaking en cryptomonnaie : Guide complet et pratique
Robert Knowles 12 nov. 2024 0 Commentaires Cryptomonnaies

Le monde de la preuve d'enjeu (Ethereum) évolue sans cesse, et le restaking est un mécanisme qui permet aux validateurs de réutiliser leurs actifs déjà mis en jeu sur plusieurs protocoles en même temps. En pratique, cela signifie qu'un même capital peut sécuriser plusieurs services sans devoir être libéré, ouvrant la porte à des rendements supplémentaires mais aussi à de nouvelles sources de risque.

Qu'est‑ce que le restaking ?

Le restaking, littéralement « re‑mise en jeu », consiste à prendre la position de staking déjà engagée sur une chaîne (généralement Ethereum) et à la « re‑déployer » sur des services actifs validés (AVS) qui recherchent de la sécurité supplémentaire. Le concept a été popularisé par EigenLayer un protocole décentralisé qui offre une couche de restaking native sur Ethereum. Lancé en mars 2024, EigenLayer permet aux validateurs d’emprunter les droits de retrait de leurs actifs pour les mettre à disposition d’autres protocoles, tout en conservant la capacité de les retirer sur la chaîne principale.

Fonctionnement : restaking natif vs liquid restaking

Il existe deux grandes méthodes :

Comparaison du restaking natif et du liquid restaking
Méthode Configuration requise Utilise des tokens Risques de slashing Rendement moyen (APY)
Restaking natif Opérateur de nœud validator avec 32 ETH, logiciel supplémentaire EigenLayer ETH directement Slashing combiné : 0,5 %-100 % selon chaque AVS 8 %-12 %
Liquid restaking Possession d’un jeton de staking liquide (LST/LRT) comme eETH Liquid Staking Token (LST) ou Liquid Restaking Token (LRT) Slashing appliqué au LRT ; risque de liquidations en cascade 7 %-11 %

Le LRT est un jeton qui accumule automatiquement les récompenses du réseau principal et des AVS fonctionne comme un dépôt sur le contrat d’EigenLayer. Le choix entre les deux dépend du niveau de compétence technique et de la tolérance au risque.

Avantages : efficacité du capital et rendements accrus

Le principal atout du restaking est la capital efficiency : le même 32 ETH peut générer un rendement proche de 10 % APY en sécurisant plusieurs services, contre 3‑5 % pour le staking classique. Selon les recherches de Kraken (septembre 2024), plus de 15 % de la valeur totale stakée sur Ethereum était déjà réaffectée via restaking, représentant plus de 20 milliards de dollars de TVL.

Cette hausse de rendement provient du modèle de marché libre introduit par EigenLayer : chaque AVS propose une « prime de sécurité » (yield) et les validateurs choisissent les services les plus attractifs. Le résultat est un « internet bond market » où le capital est alloué à la sécurité la plus rentable.

Illustration en deux parties comparant le restaking natif avec le serveur et le restaking liquide avec un jeton fluide.

Risques : slashing, complexité et exposition croisée

Le principal inconvénient réside dans le risque de slashing pénalités appliquées lorsqu'un validateur ne respecte pas les exigences d'un AVS. Chaque AVS ajoute ses propres conditions, ce qui peut créer une « explosion combinatoire » de slashing. Un incident mineur sur un service peut donc entraîner des pertes importantes sur l’ensemble du portefeuille.

De plus, le liquid restaking introduit le danger de liquidations en chaîne. Si un LRT sert de collatéral dans un protocole de prêt et que la valeur du token chute à cause d’un slashing, cela peut déclencher des ventes forcées qui affectent d’autres plateformes.

Enfin, la configuration technique n’est pas anodine : un validateur doit gérer plusieurs nœuds, surveiller les performances et recalculer constamment le ratio risque/récompense. En moyenne, les utilisateurs déclarent 40‑60 heures de formation avant de se sentir à l’aise.

Cas d’usage : EigenLayer et le marché des AVS

EigenLayer domine le paysage avec 89 % de part de marché (Messari, août 2024). Il offre un marché où des protocoles comme Puffer Finance ou Renzo Protocol peuvent acheter de la sécurité. Les validateurs sélectionnent les AVS selon le rendement proposé et le profil de risque (par ex. un AVS de data availability offre 4 % de rendement mais un slashing de 0,5 % en cas de désynchronisation).

Les premiers retours d’expérience sont mitigés. Un utilisateur Reddit (août 2024) a déclaré 8,2 % de rendement total avec 32 ETH, mais a souligné la charge mentale de suivre plusieurs slashing. Un autre, sur Crypto Twitter (septembre 2024), a subi une pénalité de 0,5 % (≈ 1 200 $) à cause d’une perte de connexion d’un nœud.

À ce jour, environ 65 % des participants préfèrent déléguer leur restake à des opérateurs (frais 5‑10 %) plutôt que de lancer leurs propres nœuds, afin de réduire la complexité.

Scène futuriste avec un coffre ouvert, des barres de TVL en hausse et un marteau de régulation.

Comment démarrer : étapes pratiques et exigences techniques

  1. Posséder au moins 32 ETH et configurer un validator Ethereum (CPU 8 cœurs, RAM 16 Go, SSD 1 TB).
  2. Installer le client de staking (ex. Prysm, Lighthouse) et le logiciel EigenLayer fourni sur le dépôt GitHub officiel.
  3. Déposer les ETH dans le contrat d’EigenLayer ou convertir vos ETH en LST/LRT via un service de liquid staking (ex. Ether.Fi).
  4. Choisir les AVS à sécuriser depuis le marketplace EigenLayer ; évaluer le rendement et le slashing proposé.
  5. Configurer les paramètres de délégation ou lancer votre propre instance de validation pour chaque AVS choisi.
  6. Surveiller en continu les performances (via Grafana, Prometheus) et les alertes de slashing.

Le processus de mise en place peut prendre plusieurs jours, surtout si vous optez pour le restaking natif. Les validateurs débutants sont encouragés à tester d’abord sur le testnet d’EigenLayer (début 2023) avant de passer en production.

Perspectives, régulation et évolution du marché

Le TVL du restaking a atteint 20,3 milliards de dollars en octobre 2024 (DefiLlama) et devrait grimper à 100 milliards d’ici 2026 selon Blockworks. Cette croissance est portée par les institutions qui cherchent à maximiser le rendement de leurs actifs tout en contribuant à la sécurité des nouvelles couches d’Ethereum.

Sur le plan réglementaire, la SEC américaine a indiqué en octobre 2024 que certains schémas de restaking pourraient être considérés comme des offres de titres, ce qui impose une diligence accrue aux projets et aux participants.

Les prochaines évolutions d’EigenLayer comprennent une réputation des validateurs et des outils d’évaluation des risques plus fins, ainsi que l’intégration accrue des LRT dans les marchés de prêts décentralisés. Si la gouvernance et les garde-fous de slashing s’améliorent, le restaking pourrait devenir une composante incontournable de l’écosystème Ethereum.

Foire aux questions

Qu’est‑ce que le restaking exactement ?

Le restaking permet de réutiliser les ETH déjà mis en jeu sur Ethereum pour sécuriser d’autres protocoles (AVS) sans les retirer, augmentant ainsi les rendements potentiels.

Quelle différence entre le restaking natif et le liquid restaking ?

Le natif utilise les ETH directement via un nœud validateur, tandis que le liquid repose sur des jetons comme le eETH qui représentent le staking et peuvent être déposés dans le protocole.

Quels sont les principaux risques ?

Le risque principal est le slashing combiné provenant de chaque AVS, ainsi que la complexité technique et la possible cascade de liquidations lorsqu’on utilise des LRT.

Comment choisir les AVS à sécuriser ?

Analysez le rendement proposé, les conditions de slashing, la réputation du service et votre capacité à surveiller son bon fonctionnement.

Le restaking est‑il légal en Europe ?

Il n’existe pas encore de cadre spécifique, mais les autorités surveillent les offres pouvant être qualifiées de titres financiers. Restez informé des évolutions réglementaires.