Échange automatique d’informations fiscales sur les cryptomonnaies : cadre, mise en œuvre et impacts

Échange automatique d’informations fiscales sur les cryptomonnaies : cadre, mise en œuvre et impacts
Robert Knowles 19 juil. 2025 0 Commentaires Cryptomonnaies

échange automatique d'informations fiscales crypto devient la norme mondiale pour lutter contre l'évasion fiscale dans le secteur des actifs numériques. Le but de cet article est de décomposer le cadre, les obligations et les conséquences pour les acteurs du marché.

Qu’est‑ce que le cadre d’échange automatique ? (CARF)

CARF (Crypto‑Asset Reporting Framework) est le dispositif développé par l'OCDE pour automatiser le transfert d’informations fiscales liées aux cryptomonnaies entre les administrations fiscales.

Le cadre s’appuie sur le Common Reporting Standard (CRS) déjà en place depuis 2014, mais y ajoute de nouvelles rubriques spécifiques aux jetons, aux exchanges décentralisés et aux produits dérivés.

Qui sont les acteurs majeurs ?

  • OCDE : pilote le projet, publie le guide XML (oct. 2024) et assure l’harmonisation des exigences.
  • G20 : a mandaté le cadre comme composante des standards internationaux d’échange d’informations.
  • Union européenne : a transposé le cadre dans la directive DAC8, entrée en vigueur le 1 janvier 2026.
  • IRS (États‑Unis) : impose aux courtiers non‑américains de reporter les données des contribuables US et reçoit en contre‑partie les informations des brokers étrangers.

Comment fonctionne le reporting ?

Le processus repose sur trois piliers :

  1. Collecte : les RCASPs (Reporting Crypto‑Asset Service Providers) recueillent les données d’identification, les montants de transaction, la nature de l’actif et les dates d’acquisition.
  2. Validation : chaque information est vérifiée selon les règles de due‑diligence du CRS, incluant le formulaire d’auto‑certification et les codes de type d’actif (ex. : « cryptocurrency », « stablecoin », « NFT »).
  3. Transmission : une fois l’ensemble consolidé, le pays‑source envoie le fichier XML à l’administration du pays de résidence du titulaire, selon le calendrier annuel fixé par le CARF.
Illustration montrant l'OCDE, le G20, l'UE et l'IRS échangeant des données fiscales crypto.

Calendrier de mise en œuvre et obligations légales

Les dates clefs à retenir :

  • Oct. 2024 : publication du guide XML officiel.
  • Fin 2025 : chaque juridiction doit adopter la législation nationale.
  • 1 janvier 2026 : entrée en vigueur de la première phase (collecte d’informations) pour les pays de l’UE (DAC8).
  • 2027 : début du reporting effectif, avec une première transmission de données prévue pour les RCASPs.

En tout, 67 juridictions, incluant les grands centres financiers, se sont engagées à appliquer le cadre d’ici 2028.

Défis techniques et opérationnels pour les fournisseurs

Les fournisseurs de services crypto doivent relever plusieurs obstacles :

  • Intégration d’API : les systèmes internes doivent appeler le service de validation XML, gérer les signatures numériques et assurer la confidentialité des données.
  • Identification des détenteurs : sur les plateformes décentralisées, les adresses blockchain ne sont pas toujours liées à une identité légale, rendant l’étape de self‑certification cruciale.
  • Normalisation des formats : chaque transaction doit être codée avec les champs CARF (type d’actif, valeur en devise locale, contre‑partie, etc.).
  • Capacité de traitement : les administrations fiscales doivent acquérir des systèmes capables d’ingérer des millions de lignes de données chaque année.

Un retard dans le déploiement risque des sanctions pour non‑conformité et une perte de crédibilité auprès des clients.

Impacts sur le marché des cryptomonnaies

Le cadre modifie la dynamique du secteur :

  • Transparence accrue : les autorités peuvent suivre les flux transfrontaliers, limitant les niches de refuge fiscal.
  • Coût de conformité : les exchanges et custody providers devront investir dans des solutions de reporting, ce qui peut se répercuter sur les frais de transaction.
  • Réallocation géographique : certaines juridictions « friendly » pourraient voir une migration d’opérateurs cherchant à éviter les exigences lourdes.
  • Stabilité du marché : une meilleure visibilité des volumes réels pourrait réduire la volatilité liée aux activités non déclarées.
Scène cartoon d'une plateforme crypto confrontée aux exigences de conformité CARF.

Bonnes pratiques pour se préparer dès maintenant

  1. Effectuer un audit complet de vos flux de données crypto : identifiez chaque point de contact client où des informations fiscales sont collectées.
  2. Choisir un fournisseur de conformité qui supporte déjà le format XML CARF - cela accélère l’intégration.
  3. Mettre en place un processus de self‑certification robuste : stockez les justificatifs numériques et prévoyez des contrôles périodiques.
  4. Former les équipes de conformité aux nouvelles définitions d’actifs (cryptocurrency, stablecoin, token non‑fungible, etc.).
  5. Planifier une mise à jour de vos contrats clients pour inclure les clauses de déclaration d’informations fiscales.

Tableau comparatif des exigences de reporting

Obligations de reporting selon la juridiction
Juridiction Base légale Date d’entrée en vigueur Entités concernées
Union européenne (DAC8) Directive DAC8 1 janvier 2026 RCASPs, plateformes d’échange, custodians
États‑Unis (IRS) Règles IRS basées sur CARF 1 janvier 2026 (phase pilote) Courtiers étrangers, brokers, wallets
Japon Adaptation du CRS + CARF 2027 Fournisseurs de services crypto, banques
Suisse Accord multilatéral CARF 2027 Exchanges, gestionnaires de fonds crypto

Foire aux questions (FAQ)

Quelles informations exactes doivent être déclarées par les RCASPs ?

Le cadre CARF requiert le nom, l’adresse, le numéro d’identification fiscale du client, la catégorie d’actif (ex. : crypto‑currency, stablecoin, NFT), le montant brut de la transaction, la devise de conversion, la date d’acquisition et le code pays de résidence.

Comment les petites plateformes peuvent‑elles se conformer sans gros budgets ?

Elles peuvent s’appuyer sur des prestataires SaaS spécialisés qui offrent des modules CARF prêts à l’emploi, réduisant ainsi les coûts de développement interne.

Les actifs décentralisés comme les NFTs sont‑ils inclus dans le reporting ?

Oui. Depuis la version 2024 du guide XML, les NFTs sont classés comme « token non‑fungible » et doivent être reportés avec leur valeur de marché au moment de la transaction.

Quel est le rôle du G20 dans ce processus ?

Le G20 a mandaté l’OCDE pour créer le cadre CARF, assurant que toutes les économies majeures s’engagent à le mettre en place, ce qui crée une base politique commune.

Quelle sanction risque un fournisseur qui ne respecte pas CARM ?

Les sanctions varient selon la juridiction : amendes pouvant atteindre 10 % du chiffre d’affaires annuel, retrait de licence ou interdiction d’opérer dans l’Union européenne.