Jordan : fin des interdictions bancaires sur les transactions en cryptomonnaie

Jordan : fin des interdictions bancaires sur les transactions en cryptomonnaie
Robert Knowles 6 avril 2025 0 Commentaires Cryptomonnaies

Le Jordan a levé son interdiction bancaire sur les cryptomonnaies - voici ce que ça change

En 2014, la Banque centrale de Jordanie a interdit à toutes les banques du pays de traiter les cryptomonnaies. Les clients qui voulaient acheter du Bitcoin devaient le faire en cachette, via des plateformes peer-to-peer ou des échanges non régulés. Les transferts bancaires vers des portefeuilles crypto étaient bloqués. Les entreprises qui acceptaient des paiements en Bitcoin risquaient des sanctions. Pendant une décennie, le marché crypto a vécu dans l’ombre - légal pour les particuliers, illégal pour les institutions.

Le 14 septembre 2025, tout a changé. La loi n°14 de 2025 sur la régulation des actifs virtuels a été adoptée. Elle ne limite pas les cryptomonnaies. Elle les encadre. Et elle permet aux banques de participer - mais seulement sous conditions strictes.

Comment les banques peuvent-elles désormais intervenir ?

La nouvelle loi ne dit pas que les banques peuvent tout faire. Elle précise exactement ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas faire.

  • Elles peuvent échanger des cryptomonnaies contre des dinars jordaniens - mais uniquement après avoir obtenu une autorisation explicite de la Banque centrale.
  • Elles peuvent offrir des services de garde (custody) : stocker les clés privées des clients de manière sécurisée, comme une banque fait pour des bijoux ou des titres.
  • Elles ne peuvent pas transférer des cryptomonnaies entre comptes - pas de paiements directs en Bitcoin, Ethereum ou autre. C’est une mesure délibérée pour éviter que la monnaie numérique ne contourne le système bancaire traditionnel.

Ce n’est pas une ouverture totale. C’est un contrôle ciblé. La Banque centrale veut que les cryptomonnaies soient un actif secondaire, pas une alternative à la monnaie nationale. L’objectif : protéger la stabilité du dinar jordanien, tout en permettant à l’économie de profiter de l’innovation.

Qui est autorisé à opérer, et comment ?

La loi crée une nouvelle catégorie d’acteurs : les Virtual Asset Service Providers (VASP). Ce sont des entreprises - pas les banques - qui proposent des services comme l’échange, le courtage ou la gestion de portefeuilles crypto.

Pour obtenir une licence, une VASP doit :

  • Mettre en place des procédures de Know Your Customer (KYC) rigoureuses - vérifier l’identité de chaque client avec une pièce d’identité et une preuve d’adresse.
  • Effectuer une due diligence renforcée pour les transactions supérieures à 10 000 dinars jordaniens.
  • Signaler automatiquement toute activité suspecte à l’Unité de lutte contre le blanchiment d’argent.
  • Subir des audits annuels par un tiers accrédité.

Les sanctions sont sévères. Une entreprise qui opère sans licence risque une amende de 50 000 à 100 000 dinars (environ 70 000 à 140 000 €), la fermeture de ses locaux, la confiscation de son matériel, et jusqu’à un an de prison pour les responsables.

Entrepreneur avec application VASP certifiée, entouré d'icônes de vérification et d'avertissements.

Les particuliers sont-ils encore concernés ?

La loi ne criminalise pas la simple possession ou l’achat de cryptomonnaies par un particulier. Si vous achetez du Bitcoin sur une plateforme étrangère, vous n’êtes pas en infraction.

Mais si vous organisez un échange informel - par exemple, vendre du Litecoin à quelqu’un via WhatsApp ou Telegram en échange de cash - vous pourriez être poursuivi. Pourquoi ? Parce que la loi considère que toute activité de中介 (intermédiation) entre deux parties, même sans structure formelle, relève du service de VASP. Et sans licence, c’est illégal.

Il reste une zone grise : un particulier qui vend 500 dinars de Dogecoin à un ami ne sera probablement pas poursuivi. Mais un étudiant qui crée un groupe Telegram pour échanger des cryptos entre 500 personnes ? Lui, il court un risque réel.

Un changement de cap international

La Jordanie n’a pas agi seule. Elle a suivi un plan de réforme qui a commencé en 2023, avec sa sortie de la liste grise du FATF (Groupe d’action financière). Ce n’était pas un simple changement de statut. C’était une révision complète de ses systèmes de lutte contre le blanchiment. La Jordanie a mis en place des outils de traçabilité, renforcé les inspections bancaires, et créé des mécanismes de sanctions efficaces.

Cette réforme a ouvert la porte à des partenariats internationaux. Les investisseurs étrangers veulent des régulations claires. Les banques européennes veulent des garanties avant d’accepter des transferts vers des entreprises jordaniennes. La loi de 2025 répond à ces attentes.

Comparez avec le voisinage : l’Égypte, le Koweït et l’Irak interdisent toujours les cryptomonnaies. La Jordanie est devenue l’un des premiers pays de la région à créer un cadre légal complet - même si elle est plus tardive que les Émirats arabes unis, qui comptent plus de 500 000 traders actifs par jour.

Le sandbox financier : un laboratoire pour l’avenir

Depuis 2018, la Jordanie dispose d’un sandbox réglementaire pour les fintech. Des startups ont pu tester des applications blockchain sur des transactions réelles, avec un encadrement légal temporaire. C’est là que les autorités ont appris à comprendre les risques réels des cryptomonnaies - pas les peurs théoriques.

Un projet de blockchain pour le paiement des factures d’électricité a été testé. Un autre pour la traçabilité des produits agricoles. Ces expériences ont directement influencé la forme de la loi de 2025. Ce n’est pas une loi écrite dans un bureau à Amman. C’est une loi née de l’expérience sur le terrain.

Laboratoire de test blockchain avec robots et objets du quotidien dans un style Memphis.

Quels sont les limites de la loi ?

La loi n°14 de 2025 ne couvre pas tout. Elle exclut explicitement :

  • Les actifs numériques de sécurité (tokenisation d’actions, obligations)
  • Les actifs financiers numériques (dépôts numériques, crédits tokenisés)
  • La monnaie numérique de la banque centrale (CBDC)

Ces domaines seront traités plus tard. Pourquoi ? Parce que la Jordanie veut d’abord maîtriser les cryptomonnaies de type Bitcoin ou Ethereum avant de s’attaquer à des systèmes plus complexes. C’est une approche prudente, mais logique.

Quel avenir pour le secteur crypto en Jordanie ?

Les experts du secteur saluent cette réforme. Les entrepreneurs locaux, qui ont longtemps travaillé dans l’ombre, disent maintenant qu’ils peuvent recruter des talents, lever des fonds et développer des produits légalement.

Les banques traditionnelles commencent à former leurs équipes sur la blockchain. Les startups de fintech préparent des applications pour permettre aux commerçants d’accepter les paiements en crypto, via des passerelles certifiées. L’idée n’est pas de remplacer le dinar. C’est de l’ajouter comme un outil supplémentaire.

À long terme, la Jordanie pourrait devenir un hub régional pour les actifs virtuels régulés. Pas pour les spéculateurs. Pour les entreprises sérieuses qui veulent opérer dans un cadre clair, transparent, et en conformité avec les normes internationales.

Que faire maintenant ?

Si vous êtes un particulier en Jordanie : vous pouvez toujours acheter des cryptos. Mais évitez les plateformes non régulées. Utilisez des VASP agréés. C’est plus sûr, et ça vous protège en cas de litige.

Si vous êtes une entreprise : commencez à préparer votre demande de licence. Les délais d’approbation pourront être longs. Commencez dès maintenant à mettre en place vos procédures KYC et vos systèmes de reporting.

Si vous êtes une banque : formez vos équipes. Comprenez la technologie blockchain. Ne pensez pas que c’est juste un nouveau produit. C’est un nouveau modèle de relation avec les clients.

La Jordanie n’a pas simplement levé une interdiction. Elle a construit un nouveau système. Et ce système est fait pour durer.

Les banques jordaniennes peuvent-elles maintenant accepter les paiements en Bitcoin ?

Non. Les banques ne peuvent pas accepter de paiements en cryptomonnaie directement. Elles peuvent seulement échanger des cryptos contre des dinars jordaniens et offrir des services de garde, mais uniquement après autorisation de la Banque centrale. Les transferts entre comptes crypto restent interdits pour éviter la dérégulation monétaire.

Est-ce que je peux encore acheter du Bitcoin en Jordanie ?

Oui, en tant que particulier, vous pouvez acheter et détenir des cryptomonnaies. Mais vous devez le faire via une plateforme agréée (VASP). Les échanges informels, comme ceux sur Telegram ou WhatsApp, sont désormais soumis à des sanctions pénales si vous agissez comme intermédiaire.

Quelle est la différence entre une VASP et une banque en matière de cryptomonnaie ?

Une VASP est une entreprise spécialisée dans les services crypto : échange, courtage, garde. Une banque peut seulement échanger des cryptos contre des dinars et offrir des services de garde, mais uniquement avec l’autorisation de la Banque centrale. Les banques ne peuvent pas faire de transferts crypto ni créer des comptes crypto.

Pourquoi la Jordanie a-t-elle mis 11 ans pour changer d’avis ?

La Jordanie a d’abord voulu protéger son système bancaire des risques de volatilité et de blanchiment. Mais avec la sortie de la liste grise du FATF en 2023, elle a dû moderniser ses lois pour rester compétitive. Le sandbox financier, lancé en 2018, a permis d’expérimenter sans risque, ce qui a conduit à une régulation plus intelligente.

Les cryptomonnaies sont-elles légales en Jordanie aujourd’hui ?

Oui, mais uniquement dans un cadre réglementé. La possession est légale. Les transactions via des VASP agréés sont légales. Toute activité non autorisée - échange informel, plateforme non enregistrée, service de transfert - est illégale et passible de sanctions pénales.